Cela va faire près de deux semaines, que le nord de la France est touché comme le reste du pays par une pénurie d’essence qui ne semble pas se rétablir. Refusant de qualifier cela en tant que « pénurie », le gouvernement préfère mentionner des « tensions ».
On recense mardi dernier près de la moitié des stations essence nordiques privées d’un ou de plusieurs carburants. La situation se tend, les automobilistes craquent et la grève s’installe. Quatre-heures, c’est le temps qu’Anne, 43 ans, mère de famille, à décidé d’attendre pour alimenter son véhicule : « C’est inadmissible, je ne peux pas emmener mon fils à la crèche, aller au travail, les transports en commun ce n’est pas possible pour moi avec un enfant en bas âge ». Ce qu’Anne vit, c’est le cas de plusieurs milliers d’automobilistes français ces dernières semaines. Les stations essence se faisant de plus en plus rares, certaines en profitent pour hausser leurs prix. Mohamed, 29 ans, banquier, s’interroge sur les vraies raisons de cette pénurie : « Je pense que l’état se fou de nous. On est censé être une des plus grandes puissances mondiales et on a du mal à faire une chose simple, mettre de l’essence. Ce n’est pas possible, il y a d’autres raisons ». Ces raisons sont en vérité assez controversées. Tandis que certains parlent de pénurie d’essence, la préfecture du Nord insiste sur une « difficulté de distribution, principalement en gazole ».
Quelles sont les causes de ces stations-services à sec ?
Les premiers à être touchés par ce manque de carburant sont le groupe TotalEnergies. Selon la firme, la principale raison serait la forte demande de ses clients. Étant victime de sa ristourne à 20 centimes le litre d’essence, en ajoutant les 30 centimes de remises supplémentaires financés par l’Etat, le groupe se voit désorganiser son réseau de livraisons dans les stations-services. Ceci entrainant « une affluence importante » selon TotalEnergies, on note près de 30 % d’affluence en plus par rapport au mois dernier.
Par surcroît, le géant pétrolier a engrangé près de 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre 2022, réveillant ainsi les réactions de ses employés pour les conduire à une grève. Les grévistes, s’indignant du chiffre d’affaires de TotalEnergies, réclament une hausse des salaires de 10 %, contre les 3,5 % négociés en début d’année. C’est donc une revalorisation des salaires ainsi que des blocages dans les raffineries importantes du nord de la France qui sont mis en cause. Concernant les autres groupes pétroliers, influencés par le mouvement des grévistes de TotalEnergies, les grévistes de ExxonMobil (Esso) demandent une hausse de leur salaire à 7,5 %, le pétrolier américain réalisant un bénéfice de 18 milliards de dollars au deuxième trimestre 2022.
Ces mouvements sociaux ainsi que les dernières fortes affluences aux pompes seraient les principales causes de ces stations-services à sec. Des révoltes engendrant des tensions entre automobilistes qui, par peur de manque, remplissent des bidons en plus de leur réservoir. Un acte illégal puisque le 5 octobre, le préfet du Pas-de-Calais et du Nord, a signé l’interdiction de réapprovisionnement en bidons pour éviter le stockage et ainsi donner la priorité aux professionnels de santé, de transports ou encore aux forces de l’ordre.